RELATION DE LA MORT DB MM. DE GUISE.          4j5
lever, est arrêté par M. le marechal d'Aumont, qui, mettant la main sur son épée : «Ne bougez, dit-il! a Mort-D..., monsieur, le Roy a afTairc de vous. » D'autre part aussi l'archevêque de Lyon fort effrayé, joignant les mains : « Nos vies, dit-il, sont entre les « mains de Dieu et du Roy. » Après que le Roy eût sçû que c'en étoit fait, va à la porte du cabinet, hausse la portière, ct l'ayant vû étendu sur la place, rentre de­dans, et commande au sieur de Beaulieu, l'un de ses secrétaires d'Etat, de visiter 'ce qu'il auroit sur lui. Il trouve autour du bras une petite clef attachée à un chnon d'or, et dedans la pochette des chausses il s'y trouva une petite bourse il y avoit douze écus d'or, et un billet de papier où étoient écrits de la main du duc ces mots : Pour entretenir la guerre en France. il faut sept cent mille livres tous les mois. Un cœur de diamant fut pris, ce dit-on, en son doigt par le sieur d'Entragues. Cependant que le sieur de Beaulieu faisoit cette recherche, et appercevant en ce corps quelque petit mouvement, il lui dit : « Monsieur, cependant qu'il « vous reste quelque peu de vie, demandez pardon à « Dieu et au Roy. » Alors sans pouvoir parler, jettant un grand et profond soupir, comme d'une voix en­rouée, il rendit l'ame, fut couvert d'un manteau gris, et au-dessus mis une croix de paille. Il demeura bien deux heures durant en cette façon, puis fut liventre les mains du sieur de Richelieu, grand prevôt de France, lequel par le commandement du Roy fil brûler le corps par son ecuteur, en cette premiere salle qui est en bas à la main droite entrant dans le château, et à la fin jetter les cendres en la riviere.
Quant au cardinal de Guise, le Roy commanda que
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